1950 En juin (22-29) et en décembre (22-31), représente le CCJO (Conseil Consultatif des Organisations Juives) à des conférences internationales en Suisse.
31 janvier : Participe à des Colloques à Paris sur le droit et la liberté ; conférences dans plusieurs villes de France, de Belgique, de Suisse et d’Italie.
Du 11 juillet au 16 août : Premier voyage en Israël, par voie maritime. Inspection des œuvres de l’Alliance et découverte des réalités d’Israël.
Au retour d’Israël, nouvelle mission en Tunisie.
Publication de nombreux articles et de ses deux premiers livres L’Introduction aux Devoirs des Cœurs, de Bahya ibn Paqûda (Prix du Cercle intellectuel) et La Condition juridique de l’Israélite marocain. Ces ouvrages sont couronnés, le premier par le Cercle intellectuel, le second par l’Académie des Sciences morales et politiques (Prix Audifred). La Condition juridique sert de pièce ajoutée au grand débat sur l’indépendance de l’Afrique du Nord. Ce livre est étudié et discuté dans les milieux gouvernementaux, aux Nations Unies, et parmi les milieux nationalistes d’Afrique du Nord.

A. Chouraqui dans les années 50
1951 Janvier : Troisième mission en Tunisie et en Libye qui accède à l’indépendance. Ici et là, avec les Autorités françaises, arabes et celles des Nations Unies pour la Lybie, où l’immigration bat son plein, examen des graves problèmes qui se posent aux communautés.
Poursuite de l’enquête sur le judaïsme et réunion de la documentation qui servira à L’Histoire des Juifs en Afrique du Nord. Visite aussi des communautés, même les plus isolées qui sont en voie de disparition.
Mars – avril :
Recherche sur le passé sépharade en Espagne qu’il traverse de part en part en auto, en compagnie de son frère Albert ; il retourne au Maroc pour parachever l’enquête commencée en 1949.
Séances de travail avec le Conseil des Communautés, les dirigeants des Communautés et la Résidence générale (Clauzel, Guiramand, Marchat, Soulié), comme avec les milieux scientifiques français et marocains. Rencontre avec le Général Juin.
Conférences dans différents milieux juifs, chrétiens et musulmans à Tanger, Tétouan, Elksar, Larache, Casablanca, Rabat, Salé, Meknès, Fès et Marrakech.
15 novembre : André Chouraqui publie la première édition de sa traduction du Cantique des cantiques, avec des gravures de Marianne Clouzot. Le livre est présenté devant Paul Claudel et une élite parisienne à la Galerie Arts, rue du Faubourg Saint-Honoré.
Juillet – août : Voyage en Italie. Conférences sur ses livres dans plusieurs villes italiennes et françaises ; interview dans la presse et à la radio.

Traversée du Sahara en décembre 51
De Paris à Douala, traversée du Sahara dans son auto, à l’aller par le Hoggar, au retour par le Tanezrouft. Ses compagnons de route sont le Père René Voillaume et les petites sœurs du Père de Foucauld Madeleine et Jeanne. Contact avec de très anciennes communautés juives dans le sud algérien et marocain.
1952
17 janvier : Arrivée à Douala, au Cameroun. Poursuite du voyage en avion vers Brazzaville et le Congo belge. A Brazzaville, à Léopoldville, à Luluabourg, à Stanleyville, à Elisabethville, à Bukavu, à Lusaka, à Usumbura, accueil des communautés juives mises pour la première fois en contact avec l’AIU et le judaïsme européen, au lendemain de la tragédie hitlérienne.
Fondation des comités de l’Alliance. Les communautés visitées apportent un efficace concours aux œuvres de la renaissance juive en Europe et en Israël, jusqu’à l’indépendance du Congo belge et même au-delà.
Poursuite du voyage saharien jusqu’en Afrique du Sud. Fondation pour la première fois aussi d’un comité de l’Alliance à Johannesburg et en Rhodésie du Sud, à Salisbury.
Après sa tournée africaine, conférences en France, notamment en Alsace, à Strasbourg, Metz, Sélestat, Mulhouse, Colmar, Belfort, puis en Suisse, à Genève, Lausanne, La Chaux de Fonds et enfin en Belgique et en Italie. Ses liens s’approfondissent avec le Cardinal Tardini et avec plusieurs membres éminents de la Curie romaine. Nouveaux voyages en Angleterre et en Afrique du Nord.
Publication de Marche vers l’Occident : les Juifs d’Afrique du Nord (P.U.F.) puis d’une traduction commentée de La Couronne du royaume de Salomon Ibn Gabirol (Revue Thomiste). Ces livres, rédigés en grande partie à Saint-Maximin, reçoivent le Prix Zadoc Kahn, décerné par le Consistoire central des israélites de France.
Le Comité central de l’Alliance israélite universelle nomme André Chouraqui Délégué permanent de l’AIU. Ses nouvelles fonctions lui permettent de mieux se consacrer aux voyages et aux tournées de conférences à travers quelque quatre-vingt pays, ainsi qu’à son œuvre scientifique et littéraire.
3 Juillet – 15 novembre : Mission en Amérique. Visite de l’Argentine, de l’Uruguay, du Brésil(17 août), du Chili (16 septembre), du Pérou, de Panama et des différentes républiques d’Amérique centrale, du Mexique (5 octobre), puis des Etats-Unis et du Canada. Dans tous ces pays, conférences dans les universités, les académies, les instituts, les Alliances françaises et les communautés juives. Echos et interviews dans la presse, à la radio et à la télévision.
Aux Etats-Unis, conférences dans différentes universités américaines, dont l’Université de Brandeis, ainsi qu’au Canada.
1953 30 janvier : Nouvelle mission et conférences en Tunisie, puis dans le Sud de l’Algérie, où les problèmes politiques revêtent une acuité nouvelle.
L’American Jewish Commitee publie la version américaine de La condition juridique de l’israélite marocain, sous le titre The social and legal status of the Jews of French Marroco, préfacé par Jacob Blaustein.
Juin – juillet : Fait une longue tournée en auto à travers l’Autriche, l’Allemagne, la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark, la Hollande, et la Belgique en compagnie du Père Voillaume et des petites sœurs Madeleine et Jeanne.
Contacts avec la hiérarchie catholique et les Eglises protestantes. Conférences avec les dirigeants juifs survivants dans ces pays.
Publication d’une nouvelle édition du Cantique des cantiques avec une préface du P. Lucien Marie.
18 octobre : Conférence à Athènes.
En Israël, fondation du Comité des Amis de l’Alliance sous la présidence de Moshé Sharett alors Ministre des Affaires Etrangères, et peu après, Président du Conseil. Ce comité comprend les hautes personnalités du pays. Sa fondation a des échos dans la presse mondiale, confirmant la réconciliation de l’Alliance israélite et du sionisme. Non seulement l’Alliance ne se retirera pas d’Israël, mais encore y investira-t-elle des forces nouvelles sur le plan de l’enseignement secondaire et de la formation de ses maîtres. Au cours de ce voyage s’élabore pour la première fois le projet de construction du Lycée de l’Alliance à Tel-Aviv ; l’Ambassadeur de France, Mr. Pierre-Eugène Gilbert, et Mr. Edmond de Rothschild rendent possible la réalisation de ce projet.
Après Israël, sans revenir à Paris, poursuite du voyage vers l’Ethiopie et douze autres pays d’Afrique.
1954 En Erythrée et en Ethiopie, sur les traces de Joseph Halévy et de sa mission de 1870 pour l’Alliance, prise de contacts avec les Falachas, à Asmara, à Gondar. Soulève le problème des Falachas auprès du Gouvernement. Le Président de l’Etat, I. Ben-Tsevi s’y intéresse personnellement.
Dans la matinée du 1er janvier, longue audience de l’Empereur Haïlé Sélassié qui le reçoit dans son palais d’Addis-Abéba. Le problème des Falachas sert d’introduction à une conversation sur les relations entre l’Ethiopie et Israël dont les résultats ne tarderont pas à se faire sentir dans plusieurs domaines.
Nouveau voyage en Afrique du Sud, dont les gouvernements sont alors aveugles devant les conséquences de la politique d’apartheid, et sourds devant les avertissements qui lui sont donnés. Au cours de ce voyage, André Chouraqui a fait une trentaine de conférences dans 14 pays : articles et interviews (presse, radio, télévision). Son action est appuyée par les Ambassadeurs de France, et, lorsqu’il y en a, les représentants d’Israël.
Au retour d’Afrique, pour traduire les Psaumes, séjour en Provence, à Saint-Maximin et à la Sainte-Baume, dans l’ermitage du P. Ceslas Rzewuski.
1955 Publication, aux Presses Universitaires de France, où André Chouraqui est devenu Directeur de la Collection Sinaï, d’une dizaine de volumes de Baron, Buber, Luzzato, Halkine et Maïmonide. Cette collection fait en ce domaine œuvre pionnière ; elle servira d’exemple à plusieurs éditeurs français, qui se mettront alors à publier quantités de livres traitant de Judaïca ou d’Israël.
Publie sa traduction commentée des Psaumes dans cette collection.
Publication, à partir de cette année, d’une série de trois livres : L’Etat d’Israël, L’Histoire du Judaïsme, et La Pensée juive (Collection « Que sais-je ? » Presse Universitaire de France). Ces livres, traduits en plusieurs langues, atteindront une diffusion totale de plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.
1956 2 juillet : L’année est marquée pour lui par l’audience privée que lui accorde ce jour le pape Pie XII, longuement préparée par des conversations de fond menées à la Secrétairerie d’Etat, notamment avec Mgr. Tardini et Mgr Veuillot, le futur cardinal de Paris. Les relations de l’Eglise avec le monde juif et Israël sont longuement évoquées. Des solutions sont esquissées, une voie se fraye, des jalons sont posés, une direction se dessine. Le 19 juin 1956 et le 30 juin, les entretiens qu’il avait eus avec Mgr. Tardini furent probablement décisifs pour les attitudes nouvelles qui se préparaient alors au Vatican.
Cette même année, André Chouraqui est invité par le Gouvernement d’Israël pour une mission en Israël.
Août à novembre : Il est présent au moment de la Campagne de Suez. Il obtient le concours du Gouvernement d’Israël pour la création du Comité pour l’Entente religieuse en Israël et dans le monde. Ce comité sera effectivement organisé le 29 décembre 1958. Il groupe des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans et joue un rôle utile pour l’approfondissement des relations inter-religieuses et interconfessionnelles. Il en est le Secrétaire honoraire, le Vice-président, puis le Président.
Le vendredi qui précède la Campagne de Suez, première rencontre avec David Ben Gourion. Au cours de ce voyage, il resserre les liens entre les dirigeants d’Israël et l’Alliance. Le 28 octobre 1956, conférence chez le Président d’Israël, I. Ben Tsevi, en présence des principaux dirigeants du pays.
Conférences dans les principales villes. Pendant la Campagne de Suez, il parle sur les ondes d’Israël et de France.
Au cours de ce séjour, André Chouraqui décide de s’établir en Israël.